Il dessinera de la même manière une maison, une chaise ou une lampe. Et c’est probablement pour cela qu’il est le designer star du nouvel espace Kartell le plus grand d’Afrique.
«Je ne veux surtout pas avoir un style. Je souhaite simplement que les gens aiment ce que je fais». Peu de designers oseraient dire cela, soucieux de voir reconnaître leur touche au premier regard. Roberto Palomba s’inscrit en faux contre cette addiction. Lui ne parle pas de style, mais d’univers. Né en Sardaigne, c’est-à-dire dans un pays où les Phéniciens ont laissé des traces, il se sent chez lui en Tunisie où il venait inaugurer le nouvel espace Kartell, le plus grand d’Afrique certainement, et peut-être du monde. Enseignant le design à l’université, il essaye depuis longtemps d’expliquer —et à nous aussi— combien il est une personne normale qui fait un métier spécial ! Mais pourquoi donc spécial ?
«Parce que l’on peut penser quelque chose et la toucher. Ce qu’aucun autre créateur, poète, peintre, écrivain, musicien, ne peut faire».
Après un moment de réflexion, nous essayons de remettre les pieds sur terre et de revenir à des questions plus terre à terre : où est-ce qu’un designer renommé trouve-t-il son inspiration ?
«Je voyage dans le monde entier, et j’y trouve des idées pour des choses que j’imagine et que tout le monde utilise. Il n’y a pas de philosophie, d’intellectualisme dans ma démarche. Je veux que les gens utilisent ce que je leur propose pour s’asseoir, dormir ou se brosser les dents. C’est une liaison personnelle que je souhaite établir avec eux, je sollicite leur confiance. En fait, c’est un sentiment très délicat, intime, qui me donne le plaisir de me lever le matin.
Mon inspiration, ce sont les gens, la vie. Mon métier consiste à les regarder, les entendre, répondre à leurs questions, et si on ne sait pas écouter, on ne sait pas répondre».
Roberto Palomba, le designer qui ne veut pas avoir un style, refuse également d’avoir une spécialité. Il dessinera de la même manière une maison, une chaise ou une lampe. Et c’est probablement pour cela qu’il est le designer star de Kartell : parce que pour lui, Kartell est un univers pour lequel il crée depuis de longues années.
«Avoir un style, c’est bon pour l’univers de la mode. Nous ne sommes pas dans la mode. Moi, je viens de la tradition des maîtres italiens. Je ne veux pas que mon projet soit reconnaissable, je veux qu’il soit aimé. Cela me donne une totale liberté de créer, d’accepter le challenge qui vient du projet, de ne pas me retrouver dans une impasse… Au fond, c’est peut-être une espèce de paranoïa !». Mais, c’est peut-être cela qui stimule la curiosité et le désir de parcourir tous les sentiers de la création de Roberto Palomba. Après avoir dessiné des meubles, des hôtels, des maisons, des luminaires, des salles de bains, le voilà qui revient à la photo et reprend la caméra oubliée depuis sa prime jeunesse.
«J’ai décidé de prendre du temps pour moi. Avec la photo, je peux raconter des histoires».